L’un des thèmes centraux de ma réflexion concerne le travail en tant qu’activité (distincte de l’emploi tout en en étant solidaire), le travail qui est aussi une scène de l’interaction sociale dynamique. Quand nous travaillons, nous nous produisons en qualité de sujet singulier et/ou collectif à l’insu même de ce que nous appelons « la contrainte au travail ». Les interrogations politiques, éthiques, philosophiques à propos du sens et/ou de la « valeur » du travail participent largement de « l’urgence sociale », des revendications syndicales… Il est plus que probable que la pression écologique, pesant de plus en plus sur les modes de production dominants, ne remodèle ces derniers ainsi que notre rapport au travail par la diversification des formes et des sources de sa reconnaissance.


I – Travail et réalisation de soi (La condition œuvrière*) – parution du livre à l’intitulé éponyme aux Editions Libre & Solidaire le 28 avril 2022 en librairie.


« La séparation entre un monde dit de l’art et le monde du travail semble aller de soi. Or, y a-t-il d’un côté le travail purement « aliénant » et désincarné et, de l’autre, celui par lequel se réaliser, faire œuvre de soi, à l’instar du domaine artistique. La sphère générale de la production est-elle réductible à un univers de la réplication des objets et des services utilitaires, au sein desquels le travail a une valeur essentiellement instrumentale en tant que gratification salariale ou statut social ?

Dans la Langue Française, jusqu’en 1762, tout artiste était qualifié de bon ouvrier. Nul ne peut se prévaloir du monopole du travail créatif. Comment alors envisager une esthétique sociale en rupture avec le fétichisme de l’objet d’art qui domine aujourd’hui ?

Il s’agit en ce sens de questionner les évidences qui postulent une différence de nature entre l’œuvre et le produit, à la lumière de la tradition philosophique d’Aristote à aujourd’hui. Par ailleurs, la réalisation de soi sera peu soluble ici dans les locutions de développement personnel, de soft management à visage plus humain, ou encore la dénonciation de l’assistanat au nom d’une valeur-travail fédératrice, dépolitisant à titre divers les enjeux relatifs au devenir du travail et à sa réappropriation tant personnelle que collective.

Le rapport social au travail demeure controversé à cause de la prépondérance de ce dernier dans nos vies. Il revient donc d’explorer la complexité de ce rapport, mais aussi les débats de norme à propos de l’emploi, du non-travail, de l’artistique, du revenu d’existence et du temps libéré... Enfin, nul doute que la pression écologique, pesant de plus en plus sur les modes de production dominants, remodèlera ces derniers et, en conséquence, notre conception du travail, tant au plan de la mutation de ses formes que des modalités de sa reconnaissance. »


* L’article inaugural « La condition œuvrière » est en ligne sur le blog des Périphériques vous parlent sur le lien suivant : http://blog.lesperipheriques.org/?p=3037



Extrait « Travail et réalisation de soi » (le volcan Stromboli – photo de l’auteur)

II – Approche diachronique des sens du mot « travail »

Les sens du mot travail – Latin et Grecs anciens (glossaire inspiré par le Dictionnaire de la langue française – Le Robert – d’Alain Rey)


III – Travail & Démocratie

Avec cette dynamique collective interprofessionnelle, Il s’est agi de créer les conditions de prospective les plus démocratiques pour mettre en perspective les enjeux de la démocratie dans le monde du travail et la place du travail dans la démocratie. Suite à un appel, nous avions réunis des collectifs de salariés, des analystes, des philosophes et ergonomes, des inspecteurs, médecins et psychologues du travail, des responsables d’entreprise, des représentants syndicaux, des organismes d’état comme l’Agence nationale d’amélioration des conditions de travail…

Outre l’organisation de deux grandes rencontres nationales à la Maison des métallos à Paris en 2009 ainsi qu’au siège du Conseil régional d’Ile-de-France en 2011, de séminaires d’études, l’association a réalisé et recueilli 28 ciné-flash édités en DVD ainsi que le livre Travail & démocratie, points d’interrogations, compilant les contributions de 24 auteurs participant au groupe de travail et au collège éditorial. Depuis, des collectifs T&D se sont constitués un peu partout ces dernières années poursuivant le travail d’essaimage engagé sur des questions relatives à un rapport social qualitatif au travail, à l’exercice du métier à l’aune de l’articulation travail & démocratie. 


Maquette : Jérôme Guittard

production de soi
Crédit photographique :Tendance floue

IV – Travail : l’horizon des possibles

Vidéo poético-politique réalisée par Les périphériques vous parlent (Yovan Gilles : voix et texte /Federica Bertelli : montage et mixage), dans le cadre d’une série de manifestations consacrées au travail et à l’activité artistique s’inscrivant dans le cycle de rencontres « La créativité, un enjeu de transformation sociale ?« , proposé par la revue Les périphériques vous parlent à la Cité européenne des Récollets de 2003 à 2008 et en co=production avec cette dernière. Photographies du collectif Tendance Floue. Musique de Génération chaos (Bës, Piersy Roos) et des Périphériques vous parlent. Gravures de Escher. Ces rencontres ont ensuite permis d’impulser le collectif Travail & Démocratie précédemment évoqué ci-haut en 2008 à l’initiative de Claire Villiers (Co-fondatrice D’AC! et alors Vice-présidente à la Région Ile-de-France) et l’équipe des Périphériques vous parlent, réunissant des acteurs très divers du monde du travail.